La loi du 24 octobre 2025 portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l’emploi des salariés expérimentés et relatif à l’évolution du dialogue social transforme l’entretien professionnel en un « entretien de parcours professionnel » dès 2026. L’objectif de cette évolution est de mieux accompagner les salariés, de renforcer la gestion des compétences et de donner plus de visibilité aux entreprises. Cette réforme s’inscrit dans une dynamique plus large d’adaptation des parcours face aux transformations du travail (numérique, intelligence artificielle, évolutions sectorielles, etc.). Découvrez les modalités du nouvel entretien de parcours professionnel afin de pouvoir anticiper dès maintenant vos obligations à venir.

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Sommaire :

  • En quoi consiste l’entretien professionnel ?
  • De l’entretien professionnel à l’entretien de parcours professionnel : quels changements en 2026 ?
  • Pourquoi faire cette réforme de l’entretien professionnel ?
  • Quand les mesures du nouvel entretien de parcours professionnel entreront-elles en vigueur ?
  • Quelles obligations pour l’employeur en 2026 ?
  • FAQ – Entretien professionnel

 

En quoi consiste l’entretien professionnel ?

Instauré depuis 2014, l’entretien professionnel est un rendez-vous obligatoire consacré à l’évolution professionnelle des salariés sur leurs :

  • compétences ;
  • qualifications ;
  • perspectives ;
  • besoins en formation ;
  • éventuelles évolutions de poste.

C’est un moment d’échange entre un salarié et son employeur.

Il est distinct de l’entretien annuel : on n’y parle ni performance, ni résultats, ni objectifs. Seuls le parcours professionnel et l’avenir du salarié dans l’entreprise sont évoqués.

Avec la loi sur l’emploi des seniors et le dialogue social, ce rendez-vous devient l’entretien de parcours professionnel (EPP). Son contenu est élargi et sa périodicité modifiée afin qu’il ne soit pas perçu comme une simple formalité administrative, mais comme un temps d’écoute et de projection.

De l’entretien professionnel à l’entretien de parcours professionnel : quels changements en 2026 ?

Dès 2026, l’entretien professionnel devient l’entretien de parcours professionnel. Un nouveau nom et un contenu bien plus ambitieux.

Une nouvelle périodicité

Aujourd’hui, l’entretien professionnel a lieu tous les deux ans, avec un état des lieux récapitulatif au bout de six ans. Ce dernier sert à faire le point sur le parcours, les formations suivies et les évolutions constatées ou envisagées.

Dorénavant, vous devrez organiser un entretien de parcours professionnel l’année suivant l’embauche d’un nouveau salarié, puis tous les quatre (article L6315-1 du Code de commerce). Quant au bilan, il devra être effectué tous les huit ans.

 

L’entretien de parcours professionnel devra avoir lieu pendant le temps de travail avec un représentant de la direction ou un supérieur hiérarchique formé.

À noter : les accords d’entreprise ou de branche ne pourront plus prévoir une fréquence d’entretien supérieure à quatre ans. Ils devront être mis à jour au plus tard le 1er octobre 2026.

Vous serez également tenu de proposer un EPP aux salariés revenant dans l’entreprise après une longue absence (congé parental, arrêt maladie, congé sabbatique, etc.), à condition qu’aucun entretien n’ait eu lieu dans les 12 mois précédents.

L’objectif de cette nouvelle périodicité est de fluidifier l’accompagnement, sans multiplier les rendez-vous.

Un contenu enrichi

Ce nouvel entretien intégrera des discussions relatives à :

  • l’identification des compétences et des qualifications du salarié pour son poste actuel et leur adaptation aux transformations de votre entreprise ;
  • son parcours professionnel et sa situation ;
  • ses perspectives d’évolution de poste ;
  • ses besoins en formation, que ce soit pour son activité ou à un projet personnel ;
  • la mobilisation des dispositifs d’accompagnement (CPF, Pro-A, VAE, etc.) ;
  • ses projets de reconversion ou de mobilité interne.

Le contenu devient plus complet, plus structuré et plus orienté « projet ».

Il constitue une réflexion profonde sur les perspectives d’évolution professionnelle de vos salariés, en lien avec les besoins de votre entreprise.

Un entretien de mi-carrière renforcé

L’entretien de mi-carrière connaît également une évolution. Il est renforcé et devient un pilier du nouveau dispositif.

Il a été mis en place pour accompagner les salariés dans la seconde partie de leur carrière.

Dorénavant, il devra être organisé dans un délai de deux mois après la visite médicale de mi-carrière de vos salariés (article L4624-2-2 du Code du travail) et il aura pour sujet :

  • la formation et les souhaits de mobilité ou de reconversion ;
  • l’adaptation ou l’aménagement des missions et/ou du poste de travail en lien avec les préconisations du médecin du travail ;
  • la prévention des situations d’usure professionnelle.

Bon à savoir : l’entretien de mi-carrière a généralement lieu autour des 45 ans.

L’objectif est que cet entretien serve à anticiper les risques liés à l’activité professionnelle et à préserver la santé des salariés.

Des nouveaux aménagements pour les seniors

La réforme introduit également des mesures spéciales pour mieux accompagner les salariés expérimentés.

Outre l’entretien obligatoire dans les deux mois suivant la visite médicale de mi-carrière, elle prévoit un nouveau focus sur le maintien dans l’emploi et les aménagements de fin de carrière afin de mieux prendre en considération les parcours professionnels des seniors.

Elle met notamment en place un entretien de parcours professionnel dans les deux années qui précèdent les 60 ans des salariés. Il devra conduire à un échange sur :

  • les conditions de maintien en emploi ;
  • les aménagements possibles de fin de carrière (passage à temps partiel, retraite progressive, etc.) ;
  • les perspectives d’évolution ;
  • la transmission des compétences.

 

Plus de transparence pour les entreprises

 

En tant qu’employeur, vous devrez intégrer de nouvelles informations dans votre base de données économiques, sociales et environnementales (BDESE), à savoir :

  • le nombre d’entretiens de parcours professionnel et de bilans réalisés ;
  • les suites données à ces échanges : formations suivies, mobilités internes, reconversions professionnelles engagées, etc.

Cette mesure vise à renforcer la transparence et le suivi des actions menées au sein de votre entreprise.

Un accompagnement renforcé pour les entreprises et les salariés

La réforme prévoit un accompagnement spécifique dans les entreprises de moins de 300 salariés. En pratique, les salariés pourront solliciter un conseil en évolution professionnelle (CEP) pour préparer leur entretien.
En tant qu’employeur, vous aurez également le droit de bénéficier de l’appui de votre opérateur de compétences (OPCO).

Bon à savoir : l’accord d’entreprise ou de branche pourra prévoir un organisme externe à la place de l’OPCO.

 

Pourquoi faire cette réforme de l’entretien professionnel ?

Cette réforme vise à répondre à plusieurs objectifs :

  • mieux accompagner les carrières dans un marché du travail en mutation rapide ;
  • favoriser l’employabilité et prévenir l’obsolescence des compétences ;
  • renforcer le dialogue employeur-salarié autour des besoins de formation ;
  • mieux prendre en compte les parcours seniors, un enjeu national ;
  • rendre le dispositif plus lisible et plus utile, pour les salariés comme pour les entreprises.

Cette loi vise à réduire la complexité et la charge administrative des services des ressources humaines des entreprises. Elle souhaite introduire plus de cohérence par rapport aux pratiques qui existaient. En effet, les calendriers et les modalités des entretiens professionnels pouvaient varier d’un accord à l’autre. Avec ce nouveau régime, ils devront tous respecter le cadre instauré par la réforme. Par exemple, votre accord d’entreprise ne pourra plus prévoir une périodicité supérieure à quatre ans. En revanche, il sera toujours possible de choisir une fréquence plus rapprochée (un entretien tous les trois ans par exemple).

Bon à savoir : les entreprises de 50 salariés ou plus qui ne respecteront pas les nouvelles obligations s’exposeront à des sanctions financières. Elles devront verser un abondement obligatoire de 3 000 euros sur le compte personnel de formation (CPF) du salarié qui aura fait l’objet d’un défaut d’accompagnement.

 

Quand les mesures du nouvel entretien de parcours professionnel entreront-elles en vigueur ?

 

Le nouveau cadre de l’entretien de parcours professionnel est en vigueur pour les entreprises n’ayant pas d’accord collectif de branche ou d’entreprise fixant la périodicité de ces entretiens.

En revanche, vous disposez d’un délai supplémentaire si votre entreprise dispose d’un tel accord. Vous ne serez concerné par les mesures de la réforme qu’à compter du 1er octobre 2026 afin de vous laisser du temps pour adapter les dispositions de votre accord de branche ou d’entreprise.

Quelles obligations pour l’employeur en 2026 ?

Avec la réforme, votre service RH doit :

  • mettre à jour le calendrier d’entretiens de parcours professionnel ;
  • repenser le contenu et la préparation des entretiens ;
  • adapter les supports (guides de conduite d’entretien, modèles de questions, comptes rendus, etc.) ;
  • veiller à la bonne traçabilité (preuve des dates, du contenu et des documents remis au salarié).

 

Le nouvel entretien de parcours professionnel marque une véritable évolution dans la gestion des carrières en mettant l’accent sur le développement des compétences et l’évolution professionnelle des salariés. En renforçant l’accompagnement, la lisibilité et le suivi des salariés, cette réforme apporte un cadre plus clair et plus complet aux entreprises. Pour les employeurs, l’enjeu est désormais d’adapter leurs pratiques, leurs outils et leur calendrier afin de rester conformes et d’utiliser pleinement ce dispositif comme un levier de développement des compétences, de dialogue et de croissance.

 

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FAQ – Entretien professionnel

Qu’est-ce que l’entretien annuel ?

L’entretien annuel est un échange sur les performances, les objectifs et les résultats du salarié. Il sert à évaluer le travail accompli, les compétences mobilisés et les axes d’amélioration. Contrairement à l’entretien professionnel ou de parcours professionnel, il n’est pas obligatoire (sauf accord collectif ou pratique établie dans l’entreprise).

Quelle différence entre entretien professionnel et entretien de parcours professionnel ?

L’entretien de parcours professionnel est la version enrichie et modernisée de l’entretien professionnel. La logique reste la même : accompagner le salarié dans son évolution professionnelle. Toutefois, sa périodicité est revue à la baisse et son contenu est élargi pour offrir davantage de perspectives et d’outils pour sécuriser les parcours.

 

L’entretien professionnel est-il obligatoire dans une TPE ?

Oui, toutes les entreprises doivent organiser l’entretien de parcours professionnel. Il n’existe aucune exception. Néanmoins, seules les entreprises d’au moins 50 salariés risquent une sanction en cas de manquement : devoir verser un abondement de 3 000 € sur le CPF du salarié.

 

Quels risques pour l’employeur en cas de manquement ?

Le principal risque pour l’employeur est de devoir verser un abondement correctif de 3 000 € sur le CPF des salariés si les obligations de mise en place des entretiens de parcours professionnels ne sont pas respectées. Cette sanction ne concerne que les entreprises de 50 salariés ou plus. Des sanctions financières indirectes peuvent également survenir en cas de litige prud’homal.

 

Quel lien entre le compte personnel de formation (CPF) et l’entretien de parcours professionnel ?

Le CPF est un outil clé mobilisable dans le cadre de l’entretien de parcours professionnel. Lors du rendez-vous, employeur et salarié peuvent :

  • identifier les formations éligibles CPF pertinentes pour le projet du salarié ;
  • programmer des actions de développement de compétences ;
  • articuler le CPF avec d’autres dispositifs (Pro-A, VAE, Transitions Pro, etc.).

Par ailleurs, l’employeur est tenu de verser des abondements correctifs sur le CPF en cas de non-respect des obligations liées à l’entretien professionnel.

Le duo entretien de parcours professionnel et CPF est donc un outil incontournable pour construire une montée en compétences cohérence et personnalisée.

L’entretien de parcours professionnel peut-il être réalisé en visioconférence ?

Oui, l’entretien de parcours professionnel peut être organisé en visioconférence, à condition de garantir la confidentialité des échanges et la possibilité d’un dialogue de qualité entre le salarié et l’employeur. Ce format est particulièrement adapté aux entreprises multi-sites, aux équipes hybrides ou aux structures ayant des salariés en télétravail. Cependant, il reste recommandé de conserver une trace écrite de l’entretien (compte-rendu, document remis au salarié, etc.) afin d’avoir une preuve en cas de contrôle ou de litige.

Comment prouver qu’un entretien de parcours professionnel a bien été réalisé ?

Pour démontrer qu’un entretien de parcours professionnel a bel et bien été effectué, l’employeur doit conserver une trace écrite. Le plus souvent, il s’agit d’un compte-rendu signé par les deux parties, ou d’un document remis au salarié récapitulant les échanges. Il doit reprendre la date de l’entretien, son contenu et les perspectives évoquées. Les preuves peuvent également inclure une convocation envoyée au salarié, un accusé de réception, un enregistrement dans un logiciel RH ou tout autre élément permettant d’attester de la tenue effective de l’entretien. Cette traçabilité est essentielle en cas de contrôle ou en cas de litige portant sur les obligations de l’employeur.

Published On: décembre 15th, 2025 / Categories: Juridique et réglementaire, Ressources humaines / Tags: , , /